givre champs avec forêt en arrière plan

La forêt est le plus important puits de carbone après les océans. C’est aussi un des rares milieux où une certaine biodiversité existe encore, notamment dans les vieux arbres et pour les espaces boisés qui sont préservés de la monoculture industrielle.

Pourtant, l’État français, sous influence des lobbies industrialistes, s‘évertue, par ses lois, ses subventions, ses avantages fiscaux et plus directement avec la nouvelle politique de l’ONF… à la détruire. On va nous dire « la détruire » c’est exagéré, la surface forestière augmente ! Elle a en effet beaucoup augmenté au cours du 20e siècle. Elle n’augmente plus depuis une dizaine d’années. Mais le sujet n’est pas là.

Le sujet c’est que depuis quelques décennies on cherche à formater la forêt pour l’adapter à l’industrie. On rase des forêts anciennes diversifiées en essences et en âge pour les remplacer par des monocultures adaptées à une récolte à la machine et à la demande commerciale de résineux. On détruit la forêt et sa biodiversité pour planter des monocultures intensives d’arbres qui ne méritent pas le nom de forêt !

De plus en plus souvent, on utilise des pesticides, des herbicides, des engrais, des boues de stations d’épuration… Bref, on cherche à appliquer en forêt les mêmes méthodes qu’en agriculture intensive, avec les mêmes raisonnements industrialistes et financiers, avec les mêmes déboires pour l’eau, pour la biodiversité, pour les sols, pour le climat, pour les humains qui y travaillent, pour les animaux qui y vivent, pour les populations locales, sans tenir compte des mauvaises expériences de l’agriculture. À quelques différences près :

  • Les espaces forestiers sont des écosystèmes complexes qui abritent depuis très longtemps une biodiversité considérablement plus développée que les espaces cultivés (dont des espèces chassées des milieux ouverts par l’agriculture intensive qui trouvent leur dernier refuge en forêt)
  • reconvertir un sol agricole en culture « bio » prend quelques années, convertir une plantation de Douglas en forêt diversifiée prendra plusieurs dizaines voire plusieurs centaines d’années et encore plus longtemps pour la reconstitution du stock de carbone du sol forestier détruit par la coupe rase et de l’écosystème forestier.
  • Le pourcentage de surface forestière industrialisée est plus faible que celui de terre agricole mais le processus s’accélère…

Et pourtant, contrairement à ce que les lobbyistes tentent de nous imposer comme une évidence, on sait parfaitement gérer la forêt pour produire du bois en gardant un couvert forestier permanent, tout en maintenant et même en favorisant la biodiversité, le stockage du carbone, la qualité de l’eau, les emplois de forestiers qualifiés et les petites scieries de proximité, dans le respect des populations locales. On sait le faire en produisant autant de bois et… en gagnant autant d’argent voir plus (1)!

Mais ce calcul est valable sur la durée de renouvellement de l’écosystème forestier : 100, 200, 300 ans… Si on décide de faire le maximum d’argent sur la durée la plus courte possible, si c’est le cours de la bourse et les dividendes qui gouvernent à court terme la gestion forestière aux dépends des générations futures, si l’on tient compte des subventions et des avantages fiscaux, effectivement la forêt industrielle rapporte plus aux gros propriétaires, aux « coopératives » forestières et aux industriels de la filière bois, mais à court terme  !

Le tout se fait dans un silence presque total, comme dans une plantation de résineux où tous les oiseaux ont disparu. Les gouvernements successifs et la filière bois ont bien compris l’importance de la communication. Ils déploient un brouillard « vert » autour de la gestion forestière « durable » dont se satisfont même certaines associations environnementales, la biomasse forestière étant bien utile pour boucler le mixte énergétique vert…

En savoir plus

  1. Prosilva a théorisé et applique une sylviculture qui respecte la forêt tout en rapportant autant voire plus d’argent. Le réseau pour les alternatives forestières favorise aussi les démarches autour de la sylviculture douce.