Ça sonne comme un nom d’herbicide et ce que décrit Sufosat n’en est pas si loin : ce site permet de visualiser les coupes rases en France métropolitaine.
De loin, la carte est verte. Elle ressemble à l’image que la filière industrielle donne de la forêt française. Nous n’en aurions jamais eu autant, nous avons de la marge, etc.
Un zoom suffit pour que le rassurant discours s’effondre. Partout, des trous. Les surfaces colorées représentent sept années de coupes rases, identifiées par couleurs. Les coupes ne ralentissent pas. Imaginez ce qu’il restera de la forêt dans sept ans, alors que surgissent sur tout le territoire des projets de méga-usines à bois capables d’avaler des milliers hectares par an.
Sufosat (suivi des forêts par satellite) vise à cartographie les coupes coupes rases. Le projet a été a été réalisé grâce au travail de deux laboratoires publics, en partenariat avec l’Institut de Développement Forestier et une entreprise spécialisée dans le traitement des images satellites, Globeo. Les données traitées sont mises en ligne via Google Earth Engine Apps,
7 fois plus de coupes rases dans les forêts privées
Contrairement à ce qui peut être opposé aux organisations militantes pour la forêt, les surfaces comptabilisées comme des coupes à blanc ne sont pas confondues avec les dépérissements : “Les forêts de hêtres et de châtaigniers (2022) présentent le plus grand pourcentage de confusion avec respectivement 5,4 % et 9,6 %, ce qui ne représente que 0,8 % et 1,7 % du pourcentage de dépérissement détecté par rapport à la superficie totale”, précisent les chercheurs qui ont tiré les premières conclusions des données recueillies dans le cadre du projet Sufusat dans un article publié en juillet 2024.
L’étude décryptées les coupes rases par région, par essence, par hauteur, et aussi par nature de propriétaire : plus la forêt est privée, plus la carte est mitée. “Nous avons trouvé sept fois plus de coupes à blanc en forêt privée qu’en forêt publique, alors que la superficie des forêts privées n’est que trois fois supérieure à celle des forêts publiques”, expliquent les chercheurs.
Le Morvan, par exemple (images en haut de l’article et ci-contre), est un massif dont la forêt est détenue à 85 % par des propriétaires privés. Et ça se voit !