Les forêts françaises sont aujourd’hui à la croisée des chemins, comme l’a été l’agriculture dans les années 1950-1960.

En effet, depuis le Grenelle de l’Environnement en 2007, les appels à mobiliser davantage de bois se multiplient. Ainsi, les forêts sont de plus en plus considérées comme la solution miracle pour remplacer progressivement notre dépendance aux énergies fossiles. Dans ce contexte, en France, comme dans de nombreux pays européens, les projets industriels de valorisation énergétique du bois se multiplient. Les centrales à charbon sont reconverties en centrales à biomasse.

Pour faire face à cette demande croissante de bois, l’âge d’exploitation des arbres est sans cesse abaissé. Les forêts diversifiées sont transformées en monocultures intensives d’arbres, et cela de façon difficilement réversible. La pression s’accroît aussi bien sur les forêts privées que sur les forêts publiques. La biodiversité forestière disparaît, et les paysages se banalisent, réduisant les espaces de nature accessibles aux citoyens. Les forestiers voient leur métier se dénaturer et leurs conditions de travail se dégrader. Le service public de la forêt est menacé par un projet de privatisation de l’ONF. Les scieries traditionnelles périclitent et le tissu d’emplois liés à la filière bois s’amenuise.

Mais la forêt, c’est aussi un espoir avec des alternatives qui se multiplient et des résistances qui s’organisent face à son industrialisation. Car les forêts sont bien plus que du bois. Ce sont des écosystèmes qui abritent une irremplaçable biodiversité. Elles fournissent de nombreux services environnementaux (purification de l’eau, filtration de l’air, fixation du carbone) et sociaux indispensables à notre bien-être (variété des paysages, pratique des sports nature, espace de loisirs familiaux, lieux de ressourcement), jusqu’à constituer des espaces de déconditionnement par rapport à notre société de consommation et de frénésie. Qu’elles soient privées ou publiques, les forêts sont des biens communs au service de l’intérêt général comme le rappelle le Manifeste de Tronçais.

Le collectif SOS forêt a pour vocation de fédérer l’opposition à une sylviculture industrialiste mais aussi les alternatives qui peuvent permettre de fournir du bois à la société sans détruire la biodiversité et aggraver le changement climatique.