L’industrialisation détruit l’écosystème forestier avec nos impôts
L’industrialisation de la forêt n’est pas nouvelle, mais depuis une quinzaine d’année, les politiques, sous la pression des lobbies, des convenances économiques du 21e siècle et du court-termisme ont amplifié une politique qui a des conséquences catastrophiques sur la biodiversité, l’environnement, l’eau, le carbone, les emplois et les savoir-faire forestiers.
Comme en agriculture, la sylviculture intensive en plein développement grâce aux subventions publiques, appauvrit, tasse et lessive les sols, altère la biodiversité forestière qui régresse fortement. La qualité et la quantité d’eau sont affectées ainsi que le cycle du carbone, les emplois et les savoir-faire forestiers disparaissent au bénéfice des quelques gros opérateurs capables d’investir dans de grosses machines. De même que les produits alimentaires, maintenant nos arbres voyagent beaucoup et passent trop souvent par la Chine afin de revenir sous forme de meubles ou de parquets dans nos magasins…
Le gouvernement propose un choc pour sauver la planète et affiche 2 priorités : le carbone et la biodiversité, mais, comme les précédents, fait tout le contraire en forêt. Si l’avidité des sociétés privées peut s’expliquer (elles sont faites pour gagner de l’argent), l’État devrait avoir pour rôle de fixer des règles pour assurer l’avenir des générations futures et non de dépenser nos impôts pour entretenir un système économique dépassé qui détruit la biodiversité et aggrave le changement climatique. Plus grave, c’est parfois au nom de la réduction des émissions de carbone et de « l’écologie » que nos élus distribuent des subventions qui produisent l’effet contraire.
Un fait significatif parmi d’autres : en 2015, l’Etat accordait à Eon, géant allemand de l’électricité, une manne de 70 millions d’€ d’argent public par an garantie sur 20 ans pour l’aider à implanter sa centrale biomasse géante à Gardanne. Dans le même temps, l’Etat diminuait du même montant son financement de deux établissements publics de gestion forestière : -50 millions pour l’ONF, gestionnaire des forêts publiques, et -20 millions pour le CNPF, conseiller des forestiers privés, tous deux chargés de faire respecter le code forestier.
Le désengagement financier et stratégique de l’Etat envers l’ONF se poursuit, conduisant à des suppressions d’emplois de forestiers assermentés, la disparition de leur formation continue, et le glissement vers une privatisation du contrôle régalien de la gestion forestière.
Pourtant certaines pratiques sylvicoles existent qui permettent à la fois, de fournir du bois aux humains, de préserver les sols, l’eau, la biodiversité, l’emploi, les savoirs faires, la ressource pour les générations futures et de capter du carbone… tout en gagnant plus d’argent… sur la durée de vie d’une forêt.
On ne peut que constater que plus les scientifiques découvrent et expliquent l’extrême sophistication de l’écosystème forestier et l’urgence absolue de le préserver pour l’avenir de l’humanité, plus les politiques publiques s’ingénient à le détruire…