La forêt est avant tout un écosystème
Malgré un important couvert forestier, la dégradation des forêts françaises se poursuit : érosion de la biodiversité, surexploitation des massifs les plus rentables et les plus accessibles ou encore monoculture d’arbres. Notre collectif affirme que la forêt est avant tout un écosystème et que ce constat doit constituer le socle de toute forme de gestion forestière qui doit donc viser un haut degré de naturalité avec des mélanges d’essences, des âges d’exploitabilité élevés, un capital de bois sur pied soigneusement préservé, et une variété d’habitats associés aux forêts (bois mort et sénescent, milieux ouverts, lisières, mares…).
Nous considérons comme des impasses l’opposition entre forêts industrialisées et forêts sacralisées, de même que le retour en force d’une vision agronomique de la forêt.
La culture forestière, originale parce que tournée vers des raisonnements et des objectifs à très long terme, doit s’exprimer avec davantage de force dans notre société confrontée à une crise écologique sans précédent. Toutes les forces naturelles à l’oeuvre dans l’écosystème forestier doivent être respectées, car elles seules apporteront la résilience indispensable pour faire face aux changements globaux. Le rôle dévolu aux forêts dans ce cadre, s’étend bien au-delà des milieux forestiers, et concerne la biosphère, et donc l’homme et la société toute entière.
Un écosystème ancré dans un territoire…
La gestion forestière doit impliquer l’ensemble de la population grâce à un réel partage de décisions qui sont essentielles pour l’équilibre de nos territoires et leur gestion soutenable.
Selon les régions et les terroirs, nos
priorités portent sur les interfaces entre agriculture et forêt
(élevage, transhumance, équilibre des populations de faune sauvage…), la
régulation des régimes hydriques (aménagement des forêts, abandon des
coupes à blanc…), l’accueil, l’éducation des jeunes générations et le
partage des connaissances avec tous ceux qui portent un intérêt à la
forêt.
Nous nous fixons comme objectif d’éveiller une réelle prise de
conscience de la part de nos concitoyens à l’importance de ces sujets, à
commencer par celle des fonctions psychosociales fondamentales que
remplissent les forêts.
En lieu et place de la spéculation financière grandissante sur les ressources forestières, nous soutenons le développement des métiers de la forêt, du bûcheronnage et du façonnage du bois, et des entreprises créant de l’emploi et de la valeur ajoutée à partir d’une ressource forestière locale.
Un bien commun à défendre collectivement…
Nous souhaitons agir auprès des décideurs et en contre pouvoir des intérêts financiers à court terme. Le collectif se donne les moyens de provoquer ou d’accompagner des contre-expertises, par la mise en commun de l’information et des compétences que détiennent ses membres. Les données concernant les ressources forestières et l’évaluation de divers scénarios de gestion sont trop souvent négligées ou très mal interprétées. Nous entendons porter ces informations auprès des décideurs impliqués dans l’aménagement des territoires.
Les associations doivent être reconnues
comme partenaires dans les processus décisionnels, notamment dans le
cadre des aménagements forestiers.
Le collectif agit pour faire progresser la législation et les outils
réglementaires. Nous constatons que l’éco-certification de la gestion
forestière en France n’a apporté que peu de progrès concrets, mais
qu’elle a en revanche contribué à faire reculer l’impact des outils et
du contrôle réglementaires. Il est grand temps pour nous de faire
machine arrière.
Nous exigeons par ailleurs des garanties sur l’indépendance des institutions forestières par rapport aux intérêts financiers.
Le collectif est à la disposition de ses membres pour susciter et
documenter les actions en justice et recours qu’ils engageraient en leur
nom propre, et s’engage à soutenir ces démarches par une mobilisation
citoyenne. Un axe majeur de nos actions vise à contrer les projets
industriels démesurés et déconnectés de la ressource locale. Cela
concerne notamment les projets « bois énergie » et leurs mécanismes de
soutien public.
Des alternatives à promouvoir…
Les membres du collectif mettent en
commun les exemples de solutions concrètes à leurs sujets de
préoccupation. Ils sont soucieux que les efforts en matière de formation
aux différents métiers en lien avec la forêt, soient réellement
relancés, afin de pourvoir et de pérenniser les emplois nécessaires à
tous les niveaux et dans les différentes spécialités ayant trait à la
forêt, au bois et dans le domaine de la protection de la nature.
Ils réfléchissent et débattent ensemble de modalités de gestion des
activités gravitant autour de la forêt qui concourent aux objectifs
définis dans le présent document.
Puisqu’il se veut une force de contre proposition, le collectif travaille à rendre visibles les réalisations qu’il soutient en matière notamment de sylviculture multifonctionnelle, de protection et gestion des habitats naturels, de retour à plus de naturalité (retour des feuillus dans les grands massifs enrésinés), de débardage alternatif, de valorisation des produits, de groupements de propriétaires, etc.
Crédibiliser ces réalisations est au coeur de notre démarche, par une validation technique, psycho sociale et économique du point de vue des usagers et utilisateurs des ressources forestières, mais aussi du point de vue souvent oublié des producteurs et propriétaires forestiers (Etat, collectivités, particuliers, bûcherons et entreprises de travaux forestiers).
Nous entendons impliquer dans cette démarche les enseignants (forêt, géographie, technologie du bois…), les forestiers publics et privés, les entrepreneurs et l’ensemble des citoyens.