Une victoire écosyndicale contre les centrales biomasse

photo site Nestlé Purina Veauche

L’usine Nestlé Purina de Veauche (Loire), qui voulait installer une centrale biomasse pour sécher les aliments pour animaux qu’elle produit, a renoncé à ce projet à l’issue d’un long combat mené par les salarié·es qui dénonçaient ce système « destructeur de la biodiversité et des écosystèmes ». Une solution bien plus écologique, basée sur les économies d’énergie et une pompe à chaleur, devrait être mise en place.

Il y a des courriers qui font plaisir. Par exemple celui que Jean-Luc Debard, président de l’association Convergence Écologique du Pays de Gardanne (CEPG), a reçu des salarié·es de Nestlé Purina de Veauche, lui annonçant l’abandon d’un projet de centrale biomasse. Avertis de la victoire remportée contre l’usine de Gardanne1L’association Convergence Écologique du Pays de Gardanne (CEPG), membre de SOS Forêt France, lutte depuis l’annonce du projet de Gardanne contre cette centrale écocidaire et, avec une dizaine d’autres association, avait contesté devant la justice les autorisations accordées à l’exploitant. Le 27 mars 2023, le Conseil d’État a validé l’annulation de l’autorisation d’exploiter de la centrale biomasse de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, qui avait été prononcée par le tribunal administratif de Marseille le 8 juin 2017. Pour annuler cette autorisation d’exploiter, le Conseil d’État a relevé que l’étude d’impact n’avait pas analysé les effets sur l’environnement de son plan d’approvisionnement en bois., ces salarié·es lui avaient demandé conseil.

Pour sécher sa production d’aliments pour animaux de compagnie, la direction de l’usine Purina Nestlé de Veauche avait en effet prévu de remplacer sa centrale à gaz par une centrale à biomasse. Ce projet s’inscrivait dans la « feuille de route Net 0 » du groupe pour zéro émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050.

S’il permettait de cesser l’utilisation d’énergie fossile, ce projet n’était évidemment pas neutre en carbone (le bois, c’est du carbone) et il était, selon Frédéric Madelon, qui a mené la lutte, « destructeur de la biodiversité et des écosystèmes, uniquement basé sur le postulat de cycle de vie de la forêt à 50 ans qui ne peut pas répondre à l’enjeu immédiat de stopper nos émissions CO2 ».

Action militante

Une première action sous la forme d’une pétition contre ce projet a recueilli 90 % des signatures au sein des salarié·es. « Nous voulions faire entendre notre voix de manière légitime et avons décidé de monter une antenne syndicale portée sur le combat écologique. Le calendrier électoral favorable nous a permis de constituer une liste Printemps écologique et aussi de recueillir une excellente représentativité à l’issue des élections pour continuer notre travail ».

Grace à l’action continue de ces élus et d’autres organisations syndicales du site, les salarié·es ont pu mener une série de discussion et d’actions, « toujours dans le dialogue », vis-à-vis des décideurs du groupe Nestlé.

Travail d’investigation

Une information consultation, confiée au cabinet Carbone 4, a permis de mettre en évidence les faiblesses du projet. La présentation du rapport a conduit les dirigeants nationaux de Nestlé à amorcer le virage de la réflexion.

Élaboration d’un plan de substitution

L’exemplarité de l’action des salarié·es réside aussi dans leur démarche pour trouver des solutions alternatives. Une semaine complète de réflexion sur le site a été consacrée à la recherche de solutions de réduction des consommations d’énergies et d’optimisation des process de production.

À l’issue de cette semaine, les salarié·es ont pu présenter plusieurs avant-projets basés sur des optimisations énergétiques et l’utilisation de pompes à chaleur pour générer la vapeur de manière décarbonée. Ils espèrent ainsi réduire significativement les besoins, ce qui rend encore plus caduque la solution bois énergie.

Le plus difficile, explique Frédéric Madelon, reste à venir : « concrétiser nos projets avec un financement responsable pour prouver que nous avions raison de nous mobiliser ».

Les salarié·es sont confiant·es : « On devrait ainsi diviser par trois notre besoin d’énergie et vraiment arriver grâce à une électricité décarbonée à faire tourner notre usine sans brûler de combustible (fossile ou bois) » et, comme le résume Frédéric Madelon : « Le chant des oiseaux que j’entends en ce moment depuis mon poste de travail suffit à lui seul à me convaincre de l’utilité de cette action ».

«