Il a traversé la France à pied et est choqué par l’enrésinement massif des forêts

Axel Kahn – Docteur en médecine et Docteur ès sciences, est directeur de recherche à l’INSERM et a dirigé l’Institut Cochin de 2002 à 2008. Il a été le Président de l’Université Paris Descartes ainsi que Président de la commission recherché de la conférence des Présidents d’Universités. Il vient de publier Pensées en chemin Ma France des Ardennes au Pays Basque .

“Les menaces pour l’environnement, la biodiversité et les générations futures de certaine formes de développement industriel et agricole font l’objet d’une prise de   conscience croissante depuis la deuxième partie du siècle dernier. En matière agricole, en particulier, le concept de  développement durable s’est progressivement imposé à tous. Certaines pratiques de culture intensive ont dans cet esprit été dénoncées pour l’altération des sols et de la diversité végétale et animale dont elles sont responsables.
Or, tous ceux qui sont familiers du territoire, ce qui est mon cas pour avoir marché depuis des décennies des milliers de kilomètres en France et en Europe, peuvent témoigner de ce que l’impact écologique de la sylviculture intensive de résineux, épicéas et surtout pins de Douglas, est sans doute l’un des pires de toutes les activités agricoles. Dans les forêts de cette sorte, toute vie animale et végétale a presque disparu, la terre s’est acidifiée, stérilisée, densifiée, est devenue imperméable. De plus, les techniques d’exploitation, les engins de débardage utilisés souvent sans aucune précaution, laissent de hideuses cicatrices qui constituent des obstacles parfois insurmontable aux autre activités sylvestres, promenade ou chasse, sachant qu’il n’y a presque plus rien à cueillir. Sans méconnaitre les réalités économiques de la filière bois, ces réalités imposent selon moi une révision radicale des politiques en la matière. Je suis persuadé que le réalisme n’est pas incompatible avec la volonté d’imposer une gestion sage de nos forêts et d’exiger que la sylviculture devienne elle aussi “durable”, participant à la protection de la biodiversité et ménageant la fertilité des sols sur le long terme. Axel Kahn