Les avancées obtenues par les défenseurs de l’ONF ces derniers temps (amendement contre les suppressions de postes, médiatisation, contestation de la réorganisation par l’Inspection du travail…) ont provoqué une risposte particulièrement brutale de la Direction de l’ONF et du gouvernement.
1/ Suppressions et modifications de postes en dehors de toute procédure réglementaire et malgré l’avis contraire de l’Inspection du travail. Dans le Grand Est cela s’accompagne de manoeuvres pour intimider et mettre au placard des forestiers avec les mêmes méthodes que celles mises en évidence dans le tristement célèbre procès des suicides à France Télécom.
2/ Forcing du gouvernement pour supprimer encore davantage de postes. Bercy coupe le pied à un vote de l’Assemblée nationale, confirmé au Sénat, contre les suppressions de poste 2021 et fait pression sur la députée Anne-Laure Cattelot (LREM), rapportrice spéciale du budget du ministère de l’Agriculture à la commission des finances et auteur d’un rapport sur la forêt. Elle confie le 9 décembre au journal Libération « Le cabinet d’Olivier Dussopt, le ministre délégué en charge des Comptes publics, m’a appelé mercredi 8 décembre pour me dire qu’il n’y avait pas de marges de négociations sur l’ONF et que les 95 suppressions d’emplois seraient rétablies». Tout cela en opposition flagrante avec la Convention citoyenne pour le climat qui demande l’augmentation des effectifs à l’ONF, consciente que l’ONF, qui a perdu la moitié de ses postes en 20 ans, n’est plus en mesure de répondre aux enjeux majeurs qui se posent aujourd’hui à la forêt française.
La politique forestière a longtemps été définie entre initiés en délaissant le débat publique et les fondamentaux qui avaient précédés à la création de l’administration des eaux et forêts. Depuis 2002, les réformes d’inspirations libérales s’enchainent et vident de sens le travail des forestiers en focalisant le métier sur la production de bois. L’ONF a probablement aujourd’hui atteint le point de rupture et le gouvernement actuel veut aller encore plus loin en supprimant 95 postes cette année et encore 500 à 600 d’ici 2026…
Pourtant, une prise de conscience citoyenne est en marche et la com lénifiante de l’ONF, de l’État et de la filière industrielle visant à faire croire que tout va bien dans la forêt française fait de moins en moins illusion. La France ne pourra plus faire longtemps l’économique d’un débat sur la forêt qu’elle soit publique ou privée.