Face à l’accélération du changement climatique et de ces conséquences sur les forêts, face à l’emballement du nombre de coupes rases, face à l’augmentation du nombre de projets entraînant des dommages majeurs aux écosystèmes forestiers, face au soutien et au financement de ces pratiques et projets écocides par l’État, signez pour une loi urgente sur la politique publique de la forêt, unissons-nous pour des forêts vivantes !
La forêt est un écosystème central et primordial dans nos vies. Elle alimente les sources et les captages d’eau potable, elle contribue au grand cycle de l’eau, elle régule les températures, le CO2 dans l’atmosphère, elle abrite de nombreuses espèces de la faune et de la flore, elle protège les sols, elle nous préserve des aléas climatiques, elle est indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique.
Nous avons besoin d’une forêt riche, diverse et vivante. Notre lien à la forêt est profond et viscéral, elle nourrit nos inconscients et nos imaginaires dès notre plus tendre enfance. Sans la forêt, nos activités telles que la randonnée, le VTT, la pêche, la chasse, la cueillette de champignons n’ont plus lieu d’être.
Déjà en 2021, l’Appel pour les forêts vivantes lançait un cri d’alarme : « Les forêts sont vues comme un gisement inépuisable que l’industrie est appelée à exploiter et le bois comme un simple matériau à transformer. Le productivisme gagne nos massifs forestiers et plie le vivant aux règles du marché […]. Les coupes rases et les monocultures se multiplient, des paysages séculaires sont dévastés parfois en quelques heures, les arbres sont moissonnés comme du blé. »
Toutes les études scientifiques – dont l’expertise « Coupes rases et renouvellement des peuplements forestiers en contexte de changement climatique » menée par l’ECOFOR, et l’étude Carbone 4 conduite par France Forêt Bois – nous montrent que la gestion forestière actuelle et l’augmentation de notre demande en bois menacent nos forêts. Leur capacité de puits carbone sera négative en 2040 si rien ne change.
Sous couvert d’une adaptation au dérèglement climatique, ces pratiques sont malgré tout soutenues par l’État et le Plan France Relance qui consiste à subventionner 95 % des replantations après coupe rase. Or près de 38 % de ces plantations dépérissent dès la première année car mis dans des sols nus et dévastés.
L’État ne s’arrête pas là. Il facilite et finance l’installation de projets industriels de biomasse, biocarburant, bois-énergie à partir de la biomasse forestière. Sur le seul Grand Sud-Ouest, ces projets – dont le biokérosène pour les avions – consommeraient plus de 3 millions de m3 de bois par an. Sans compter les usines déjà installées ou à venir dans le reste de la France, comme celle de Gardanne qui engloutit déjà plus de 450 000 tonnes de bois par an pour produire de l’électricité « verte ». Ces projets provoqueront d’inévitables conflits d’usage et exercent une pression insoutenable sur la ressource en bois qui diminue déjà fortement.
FACE À CE CHAMP DE BATAILLE QU’EST DEVENUE LA FORÊT, nous, acteur·ices de la filière forêt-bois, associations, syndicats, scientifiques, naturalistes, géographes, climatologues, artistes, écrivain·es, philosophes, élu·es, citoyen·nes, appelons à une refonte de la politique publique forestière.
Il y a urgence à légiférer sur la gestion forestière à l’Assemblée Nationale et au Sénat.
Il n’y a aucune fatalité à la situation actuelle. Il ne tient qu’à nous d’en inverser la tendance en choisissant la diversification des essences et la sylviculture mélangée à couvert continu.
Pour que les forêts françaises soient des forêts vivantes, pour que notre pays et notre planète soient vivables pour nous et pour les générations futures, nous appelons le gouvernement et les parlementaires à agir vite :
- en mettant fin à l’attribution des aides du plan de relance, qui contribuent à la destruction des forêts et des réserves de biodiversité et qui n’incitent pas au choix prioritaire de la régénération naturelle ;
- en abandonnant les usines écocides à partir de biomasse forestière tels qu’Orpinia (1 million de m3 de bois/an), Scierie SIAT (1 million de m3/an), méga scierie dans l’Allier (non chiffré), E-Cho à Lacq (500 000 m3 de bois/an ), Biochar à Garlin (130 000 m3 de bois/an), usine à pellets à Guéret (180 000 m3 de bois/an ), centrale électrique de Gardanne, etc.
- en déclarant la forêt, essentielle à notre santé, patrimoine commun. En lui reconnaissant une personnalité juridique afin de défendre sa préservation ;
- en augmentant significativement, en budget et en personnel, les moyens des services publics nationaux et territoriaux chargés de la protection de la forêt (ONF, OFB, DDT, CNPF, etc.)
- en inscrivant dans la future loi sur la gestion forestière les revendications suivantes basées, entre autres, sur deux propositions de loi de la précédente législature :
- La réorientation de la politique forestière pour un véritable soutien financier au maintien et au développement d’un tissu de P.M.E. locales (bûcheronnage, débardage et scieries, transformations bois à plus forte valeur ajoutée (Art. 1 de la PPL n°1880) afin d’aller vers une sylviculture mélangée à couvert continu comme mode de gestion (Art. 2 de la PPL n°1880) avec des objectifs à atteindre (Art. 8 de la PPL n°2194).
- L’interdiction de cumuler la fonction de conseil en gestion forestière et de marchand de bois (Art. 11 de la PPL n° 1180).
- L’encadrement strict des coupes rases, limitées à 0,5 ha pour les forêts de feuillus ou les forêts mélangées et 2 ha pour les forêts de résineux. Interdiction dans les zones protégées, Natura 2000, PNR, zones humides et pentes à plus de 30 %. La définition d’une coupe rase dans le code forestier.
- L’interdiction du dessouchage et de la récolte de bois inférieurs à 7 cm, pour favoriser la préservation des sols forestiers (Art. 5 de la PPL n°2194).
- La transparence des PSG – Plans simples de gestion – et des déclarations de travaux forestiers (Art. 8 et 9 de la PPL n°1880).
- Le renforcement du droit de préemption des communes et de l’État pour l’achat de forêts privées mises à la vente (Art. 9 de la PPL n°2194).
Il est temps de prendre conscience de la gravité de la situation.
C’est maintenant qu’il faut agir !