Sortir des logiques
de compensation carbone
Les investissements forestiers privés (particuliers ou entreprises) et publics liés au climat doivent s’inscrire dans une logique de contribution volontaire, distincte et additionnelle aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et non dans une logique de compensation carbone.
De plus, la compensation carbone forestière se heurte à deux limites :
• le décalage temporel : il faut plusieurs dizaines, voir centaines d’années, à un arbre pour absorber l’équivalent en CO2 d’une émission instantanée comme celle émise lors d’un trajet en avion. Or, les scientifiques sont formels : nous ne disposons plus de ce crédit de temps et si nous voulons éviter de franchir des seuils d’emballement climatique, c’est maintenant et dans les prochaines années que les émissions de CO2 doivent diminuer.
• la non permanence : le stockage dans les arbres est temporaire et réversible. En cas de sécheresse forte, ou d’incendie, les plantations peuvent relarguer le carbone stocké. Les jeunes plantations sont particulièrement sensibles au stress hydrique avec des taux de mortalité élevés.
Contexte / Définitions :
Pour limiter le réchauffement climatique, les scientifiques préconisent de diminuer drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre et de restaurer la capacité de stockage des puits de carbone naturels comme les forêts. La compensation carbone, au contraire, laisse penser qu’il est possible de réduire ses émissions ou de financer un projet de restauration de forêt, par exemple en plantant des arbres. Des secteurs industriels clés comme l’aviation ou les énergies fossiles s’engagent ainsi dans des projets de compensation carbone plutôt que de diminuer drastiquement leurs émissions.
Réglementation :
Les secteurs de l’aviation et des transports maritimes, qui sont aujourd’hui en dehors de l’Accord de Paris, doivent être soumis à des obligations de diminution de leurs émissions. Le gouvernement français doit abandonner son soutien au programme de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation).
Incitation :
Les règles de communication et de valorisation des investissements dans les projets labellisés Bas Carbone, ou tout autre programme de paiement pour services environnementaux, doivent être mieux encadrées pour que ces projets soient présentés comme des contributions volontaires additionnelles et non des projets de compensation carbone.